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Accéder au siteAnguilla anguilla (Linnaeus, 1758)
Taille : 142 cm maximum
Poids : 6,6 kg maximum
Poisson serpentiforme au corps cylindrique dans sa partie antérieure et aplatie latéralement dans la région caudale. Les écailles sont petites, non recouvrantes et profondément incrustées dans le derme. L’anguille sécrète abondamment un mucus. Quatre stades sont définis :
- Larve « léptocéphale »,(5 à 90 mm) en forme de feuille de saule
- Métamorphose en Civelle transparente (de 55 à 90 mm)
- Pigmentation en quelques semaines et transformation en anguille jaune
- Avant la dévalaison, seconde métamorphose en anguille argentée
L’anguille est un migrateur amphihalin thalassotoque (reproduction en mer, croissance en eau douce). L’espèce, eurytherme et euryhaline, colonise tous les milieux aquatiques continentaux accessibles, depuis les estuaires jusqu’à l’amont des bassins versants pour y effectuer sa croissance. Dans les parties aval des bassins versants, elle représentait jusque dans les années 1980 souvent plus de 50% des biomasses piscicoles. La zone de ponte n’est toujours pas localisée avec certitude, aucun œuf ni reproduction n’ayant été observés dans le milieu naturel.
Les plus petites larves (5 mm) ont été observées dans la mer des Sargasses, site probable de ponte. Ponte qui se déroulerait à au moins 400 m de profondeur chaque femelle produisant environ 0,8 à 1,3 millions d’ovules. Il est supposé qu’elles meurent peu après la reproduction.
Après l’éclosion, au printemps, les larves leptocéphales traversent l’océan pendant une durée encore controversée comprise entre 10 mois et 3 ans. Les larves (taille 75 -85 mm), portées par le Gulf Stream, s’approchent des côtes européennes. Arrivées sur le talus continental, elles cessent de s’alimenter et se métamorphosent en civelles transparentes se dirigeant vers les estuaires. La pigmentation se fait en quelques semaines, la reprise de l’alimentation intervenant avant la fin de ce processus.
La migration de colonisation, par les jeunes anguilles, des bassins versants dure ensuite plusieurs mois. Après quelques années, les anguilles adoptent un mode de vie principalement sédentaire, avec un retour au gîte régulier. Une partie des anguilles ne semble jamais s’argenter et peut atteindre des tailles et âges considérables (record de longévité 85 ans, observé en captivité). La maturation sexuelle débute en rivière mais se déroule principalement en mer. On suppose que la migration des anguilles argentées vers la mer des Sargasses dure entre 4 et 6 mois. L’anguille est un carnassier opportuniste, la taille et la nature des proies varient en fonction de son gabarit et de ressources alimentaires disponibles.
L’anguille se trouve entre le cercle polaire arctique (Islande), le Tropique du Cancer (Maroc), 15°W (Irlande et Islande) et 45°E (mer Noire), dans tous les hydrosystèmes communiquant plus ou moins directement avec l’Atlantique et la Méditerranée. La larve leptocéphale est distribuée sur tout l’Atlantique nord entre les Sargasses et l’aire de distribution continentale.
L’anguille est considérée comme menacée par le CIEM, la convention OSPAR et la convention CITES l’ont classé en annexe 2 en 2008.
Un plan de gestion de l’anguille visant à réduire les causes de mortalité est mis en place dans tous les pays de l’Union européenne. En 2009, l’essentiel des mesures concernait la réduction de la pêche commerciale, la restauration de la libre circulation dans les cours d’eau et la réduction des mortalités par les turbines. Les autres potentielles, agissant en synergie sur la dynamique de la population ne sont pas prises en compte, en particulier la destruction des habitats préférentiels, la contamination par les xénobiotiques (notamment les pesticides), l’introduction du nématode parasite Anguillicola, les modifications supposées du Gulf Stream et des conditions au niveau de l’aire de ponte liées aux changements climatiques…
Espèce classée en danger critique d’extinction (CR) sur la liste rouge nationale des poissons d’eau douce.
L’anguille est classée :
- CR sur les listes rouges d’Alsace, de Bretagne, de Franche-Comté, de Haute-Normandie et des Pays de la Loire
- VU (vulnérable) sur la liste rouge régionale Centre
INPN
Les poissons d'eau douce de France, P. Keith, N. POULET, G. DENYS, T. CHANGEUX, E. FEUNTEUN & H. PERSAT 2020